MORAL - Jake est un homme nostalgique, un amoureux des vieilles choses. Jake il a un 78 tours alors qu’on ne les fabrique même plus. Il a ses vieilles bandes dessinées soigneusement rangées dans ses placards, les premiers Superman, Captain America, que son père lui avait confié comme un trésor de famille. Jake il préfère The Chordettes à Elvis, The Beatles et tous ces newcomers qu’il juge d’un œil méfiant. Il a du mal à se faire à l’arrivée de la couleur sur son téléviseur qui ne capte que la première. Il ne regarde pas la télévision de toute façon, la radio raconte moins d’obscénités.
Certains diront que Jake, c’est un vieillard dans sa tête. Mais ça ne l’empêche pas d’avancer, ce n’est que l’opinion des autres. Et puis, il a le sens pratique. Les vieilles choses, ça coûte moins cher, surtout si ça fonctionne.
Jake c’est un maniaque, un adepte du rangement. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. Certains disent que l’ordre, c’est sa raison de vivre. Il vous répondra qu’il aime juste sortir les poubelles. Comprenez par-là la petite délinquance.
Parce qu’il est sévère, Jake. C’est un parfait représentant des forces de l’ordre, après tout. Pas la face corrompue, non. L’autre face, celle qui s’écrase de par sa minorité terrifiante.
Mais Jake il en a pas vraiment conscience. Parce que Jake, derrière ses airs propres sur lui, c’est un homme qui a une foi presque désolante en l’humanité et en son pays. Et en beaucoup d'autres choses d’ailleurs. Pour vous dire, c’est un protestant. Il a la conviction que chaque ordure à un bon fond, une chance de regagner un semblant de dignité. C’est quelque chose, c’est sûr. On croirait à de la naïveté. Mais ce n’en est pas.
Parce que Jake, il l’a vu, l’atrocité de l’être humain. Mais curieusement ça ne l’empêche pas d’y croire, d’essayer de prendre quelques déchus sous son aile pour les ramener ne serait-ce qu’à la surface. Ça ne marche pas toujours, ça ne marche presque jamais. Mais il est têtu, Jake, alors il continue d’essayer.
Emotionnellement parlant, Jake est un animal. Il n’est ni très causant, ni très à son aise en compagnie d’autres êtres humains. Sortez-le du cadre professionnel et vous aurez le droit à un homme constamment nerveux, anxieux, en quête d’échappatoires. Réussir à « l’acclimater » s’avère être un remarquable tour de force qui trahira une affection évidente de l’homme à votre égard. Sinon il grognera, ou se frottera nerveusement la nuque en vous regardant d'un air déconcerté.
Jake il est fatigué. Tout le temps. Mais au fond, c’est bien le cadet de ses soucis.