Sherkann est le modèle type de la femme fatale, dont même une femme lambda telle que toi arrive à jalouser sous une certaine mesure. Pleine d'assurance, sournoise et même belle pour dix, tu l'as rencontrée parfaitement par hasard il y a de cela quelques années, lorsque ta fille avait traversée la rue à la poursuite de son ballon qui s'était dérobé. Et bien évidemment comme tous les beaux contes de fées, c'est Sherkann qui lui a évité le pire. Tu ne saurais dire si c'est cette aura chevaleresque ou bien simplement cette impression du mystère irrésolu semblant lui coller indubitablement à la peau, qui t'as séduite en premier. Mais tu ne te voyais pas couper les ponts après cet incident - tu lui étais bien trop redevable, de toute manière. C'est d'un élan tout à fait naturel que tu lui donnas ton numéro, guettant votre prochaine rencontre avec impatience. Depuis lors votre relation va bon train, lorsque le temps s'y prête, vous vous laissez aller autour d'une tasse de thé ou autour d'une préparation plus corsée de ton gratin préféré ; tout discutant de tout, de rien, de vos vies respectives et de vos passés aux antipodes. Et ça te fais beaucoup de bien, mine de rien, de partager une amitié aussi simple mais véritable avec quelqu'un de son gabarit. Prochaine étape : découvrir son véritable prénom de sa bouche.

Une belle jeune femme, que tu avais dénichée là, parfaitement par hasard. Avec tes débuts dans la vie active en tant qu'employée de bureau, et soucieuse de ne pas abuser du congé maternité à excès, tu t'étais décidée à embaucher une demoiselle ( jeune de préférence ) en quête d'argent et ayant les capacités pour s'occuper d'une enfant à peine plus haute que trois pommes. Malgré un entretient raté où sa répugnance pour les enfants t'avait frappé à la gorge avec une intensité suffisante pour t'en couper la respiration, tu t'étais quand même convaincue de la garder elle plutôt que ces cinquantaines d'autres gosses que tu avais d'ores et déjà rencontré. Au moins, elle serait plus apte à ne pas céder aux exigences puériles de ta fille ( et ce n'était pas comme si le boulot n'était pas grassement rémunéré ). Fort heureusement, tout c'est toujours merveilleusement bien déroulé avec elle dans les parages. Si bien que tu n'as jamais changée de baby-sitter et que même lorsque Zelda n'était pas libre ( chose plutôt rare ) tu préférais toi-même prendre la relève plutôt qu'avoir à la faire remplacer. Depuis, même malgré ta séparation avec ton mari, Zelda reste un net point de repère dans ta vie. Avec le temps, sa présence t'es devenue tellement familière que tu ne t'étonnes même plus de la voir aux petites heures du matin, dormant profondément sur le sofa du salon ou bien même dans la chambre d'ami - même en dehors de ses horaires de baby-sitter. Elle a un double des clefs, après tout, autant que ça lui soi utile en cas de force majeure. Puis ça te fais du bien, quelque part, de voir cette grande maison habitée par quelqu'un d'autre que la présence fantomatique de ton adolescente. Tu sais que tu peux compter sur Zelda en cas de pépin et cela fait bien longtemps que tu t'es résolus à ne plus tenir le compte du nombre de fois où vous avez échangés des verres en discutant agréablement de la pluie et du beau temps.