MORAL - Lou est une pute ; il a des souillures aux bords des lèvres et on l'insulte l'insulte l'insulte quand il parle encore avec ses mots trop hauts pour lui -on lui défonce la gueule à coup de poings mais il faut croire que ça ne suffit jamais. Parce qu'il l'ouvre toujours, Lou, comme s'il ne savait pas se taire, jamais, et il s'amuse bien trop pour arrêter. Connard.
Il repart en un instant avec un rire de pétasse et putain t'aimerais encore éclater sa tête contre un de ces murs en briques histoire que toutes ses dents tombent et qu'il ne puisse plus lancer son venin, mais tu sais pas pourquoi tu le laisses aller et tu sais déjà que tu vas t'en mordre les doigts.
Il est pas rattrapable Lou, c'est une teigne un truc qui fait chier mais trop insignifiant pour qu'on lui consacre du temps, un petit cafard qui s'amuse follement en ne prenant rien au sérieux. Une chose ridicule bien trop bruyante pour son mètre soixante sept et ses ongles limés au millimètre, pour ses cheveux trop longs et trop doux -oh, on le traite souvent de femme, Lou, et il ne comprend pas vraiment pourquoi c'est une insulte.
Il est sûrement un peu naïf, Lou, un peu déconnecté ; parfois il ne comprend pas les problèmes des autres et oh, il s'en fout totalement de toutes manières. Il a cet égoïsme enfantin de celui qui tue par accident les insectes avec lesquels il jouait, une cruauté bizarre, presqu'innocente. C'est étrange mais Lou a une gueule d'ange ; c'est peut-être aussi pour ça qu'on lui dit des choses aussi facilement, que les lettres s'échappent de nos gorges pour atteindre son oreille pour ne pas le laisser indifférent - conneries. L'Hydre, c'est un jouet de plus dans les mains de Lou qui encore encore rit de ces choses qui ne devraient pas être dites.
On ne sait pas, il a toujours un sourire sur le visage ; il a l'air toujours heureux comme presque bourré mais pas tout à fait, juste assez pour ne pas voir les problèmes et rire de rien. Et gueuler, aussi ; se plaindre et être lourd, à se demander comment certaines personnes peuvent le supporter. Il est brut, instantané ; ses envies s'expriment à la seconde où il les pense -paix à ses fausses économies. Parfois il se déguise en femme oh soit disant ça le fait se sentir plus aérien plus léger plus apte à faire des caprices, mais deux claques sur les fesses des hommes alentours et il raccroche la jupe -ça le dégoûte tellement qu'il préfère encore avoir les pieds sur terre.
Au fond il est honnête, Lou, on ne peut pas lui reprocher ça -il a les tripes pour dire ses saloperies, aussi, et s'il les dit c'est parce qu'il les trouve écœurantes. Ça le faisait vomir tous ces secrets ces manipulations, alors il s'appliquait à les détruire un par un et puis oh, il faut croire qu'il s'y est suffisamment habitué pour tomber dedans. Peut-être qu'il sourit tant pour oublier à quel point il se dégoûte lui-même.
Et puis parfois, il écoute, Lou. Il écoute et il se tait ; et alors c'est peut-être le meilleur des confidents, parfois il oublie son égoïsme et, contre quelques sourires tristes, il aura ce regard chaud chaud chaud et tellement apaisant qui vous fera oublier les couteaux que sont ses dents.