MORAL -
7h – Emilio se réveille toujours du bon pied – parce qu’il y fait toujours attention, il a pas trop envie de se faire assassiner au petit bonheur la chance tel un certain paternel – et salut ses plantes. Il a quelques cactus importés du Maghreb ou quelque part pas loin et Emil a pris le temps de tous les nommer. Il ne sait pas trop lequel est lequel, mais en tant qu’êtres vivants, ils méritent un nom ! On dit qu’il n’y a rien de plus innocent qu’un Emilio au réveil… du moins c’est ce qu’il se dit. Il se regarde dans le miroir et se dit qu’il est plutôt mignon et s’il avait été une personne sale d’esprit, il se serait touché tout en regardant sensuellement sa réflexion dans le miroir. Mais on l’a éduqué avec une certaine fierté et un honneur à ne pas lâcher alors bon, des fois il jongle avec mais fait en sorte de les rattraper.

9h – Emilio arbore maintenant les rues de Végas et tel qu’on le voit, on aurait envie de lui faire bouffer sa canne. Élevé loin de la gente de son âge, Emilio les aura toujours regardé avec envie, espérant pouvoir jouer à la guerre derrière des dunes de débris avec eux, alors qu’on lui enseigne l’économie depuis l’aube. Une éducation aussi droite que ses épaules. Sa marche est fière et le manteau levé, on sait d’assaut quel genre de gosse il est – il ne cherche pas non plus à le cacher avec ses queue-de-pie, mais tant pis. On l’insulte au loin et il sait que ça ne peut être dirigé qu’à sa personne compte tenu du ‘pizza’ au beau milieu de la phrase. On le regarde du coin de l’œil et on lui crache discrètement dessus. Emil va chercher le contact visuel, le mépris qu’il a pour les américains clair dans son regard et une certaine insensibilité qu’il a du mal à contenir, mais il confronte, avale et recrache. Il en sortira peut-être vainqueur, mais il y pensera encore ce soir, et peut-être demain, et dans deux mois.

12h – Peut-être qu'Emil trouvera quelqu’un avec qui partager son repas. Si on passe outre son masque d'orgueil et d'arrogance qui le démunit de toute faiblesse, le blondinet n'est pas difficile d'approche et dégaine un sourire à quiconque le méritera. Quand il retire ledit masque, c'est toute la pression du monde tombe de ses épaules et il retourne à cet état de gamin qu’il est au fond et qu’il aurait toujours voulu être ouvertement. Il pleure parce qu’il se cogne le petit orteil, parce que son chocolat chaud n’est pas assez sucré ou simplement parce qu’il se sent seul, plongé dans un monde bien trop mature depuis son enfance.

21h – A la fin de la journée, Emilio reste encore un gamin qui ne sait pas prendre soin de lui à qui on a pourtant confié trop de responsabilités. Il reste celui qui parle à ses cactus, qui lèche l’opercule de ses yaourts, qui trie sa salade pour ne manger ni maïs ni tomate. Son dentifrice est à la fraise et sa couverture décorée de nuages. Il est celui qu’on croit connaître mais on sait aussi qu’il se cache derrière ce même masque, pourtant il parait impossible de le voir à nu. Emilio c’est aussi l’italien qui déteste être associé aux pattes et pizzas, pourtant, il ne mange presque que ça et ça ne fait que renforcer son accent italien et ses mots d’exclamation qu’il balance au milieu d’une phrase en anglais. C'est aussi le gamin qui a une peur sortie de nulle part: les taxis. L'inconfort de ces voitures l'horripile, d'autant plus que les conducteurs n'ont jamais l'air très saints d'esprit--- ou même de corps.